L’immunité au sens large, dépend peut-être encore davantage que cela de l’écosystème intestinal : jusqu’à 80% selon certains spécialistes. Car, plus que le nombre de cellules immunitaires, c’est la qualité des muqueuses intestinales produisant du mucus auquel « colle » le microbiote, qui est responsable de la capacité de filtration de ce qui pénètre dans l’organisme ou non, et de la modulation immunitaire qui s’en suit éventuellement.

Cet ensemble « muqueuse-mucus-microbiote » empêche bactéries et virus de proliférer puis de pénétrer. Il influence aussi la qualité de la réponse immunitaire avec laquelle il dialogue. Un biote en bonne santé régule et limite quasi à lui seul :

  • Les inflammations chroniques (qui expliquent la plupart de nos pathologies modernes)
  • Les virus, cancers, allergies et maladies auto-immunes qui sont tous en recrudescence. Pourquoi, à votre avis ? Il faut s’interroger sur nos modes de vie, en particulier alimentaires.

C’est lorsque ce microbiote est déréglé, on parle alors de dysbiose, que nous sommes en fragilité. Nous laissons alors potentiellement passer plus d’éléments pathogènes et manquons de nutriments importants comme certaines vitamines sécrétées par le microbiote lui-même lorsqu’il est sain et riche (c’est-à-dire avec une flore diversifiée comptant de nombreux types de bactéries non pathogènes). Vous ne voulez pas tomber malade ? Occupez-vous de votre équilibre intestinal !

 

Il y a pour cela des choses « simples » qui marchent pour tout le monde. Car la dysbiose dont nous venons de parler est le fruit de facteurs bien identifiés :

 

  • Une alimentation appauvrie, peu diversifiée, mais trop fréquente, trop riche en calories par rapport à nos dépenses: bien manger, de tout, mais surtout beaucoup de légumes, n’est pas une option. C’est la base de la santé. Lorsque nous mangeons mal, nous n’en mourrons pas (tout de suite) mais fragilisons immédiatement notre immunité. Manger des légumes à chaque repas, et au moins 10 différents chaque semaine, « bio » de préférence, est la 1ère mesure que vous pourriez adopter. Les fibres « pré-biotiques » (= nourriture du biote intestinal) que les légumes renferment permettent de nourrir ces 100.000 milliards de bactéries dont le régime alimentaire varie selon les familles. Les épices, les herbes aromatiques et les matières grasses végétales ou de poisson ont aussi un impact fort sur nos capacités immunitaires. Enfin, réduire les apports en glucides (sucres, fruits, féculents) pour ne manger que lorsque l’on ressent la faim, a un impact colossal sur notre santé. Le sucre et le manque de végétaux sont les dépresseurs de l’immunité les plus courants.
  • Le stress: les pensées négatives, la rumination, l’obsession, l’hyper excitabilité, le surmenage sans sommeil réparateur attaquent notre 2ème cerveau qui possède aussi un réseau de neurones et une production colossale de neuro transmetteurs régulateurs de notre équilibre psychique. L’immunité est en lien avec le psychisme.

Pratiquer le yoga ou le QI Gong, faire des auto-massages et de la respiration, bouger, parler, échanger, créer du lien ou une vie spirituelle ne sont pas de simples petits conseils de grand-mère, mais bien une nécessité… quotidienne ! Ce sont vos rituels de vie qui font votre immunité, pas les médicaments.

  • l’alcool, le tabac, la pollution, les antibiotiques, anti inflammatoires, ou anti acides gastriques (IPP)… ont des répercussions sur le biote et le foie, lui-même en relation avec le microbiote.

Enfin, une des raisons fréquemment oubliées :

  • Le manque d’activité physique: car les apports caloriques moyens, souvent excédentaires, au lieu d’être consommés par l’organisme et les muscles, le seront tout simplement par ces milliards de bactéries intestinales… dont certaines familles prolifèreront à la faveur d’excès glucidiques (sucres et féculents) au dépend d’autres plus volontiers « végétariennes ». L’équilibre microbiotal sera rompu.

Le conseil pour aller plus loin : Il est possible de faire faire une analyse de son microbiote, mais les résultats sont parfois difficiles à interpréter, sujets à controverse, voire parfois ininterprétables (j’ai bien dit parfois). Faites faire, en premier lieu, une analyse poussée de votre immunité, qu’il convient de mettre en relation avec des analyses plus « organiques » (fonctionnement hépatique et intestinal en particulier) par votre médecin spécialiste ou un professionnel de la micro nutrition. Cela ressemble à ceci :

Identifier ce qui manque et ce qui est en trop permettra de faire parler votre mémoire immunitaire et de vous donner des conseils diététiques ou complémentaires personnalisés, bien plus pointus que les recettes générales citées plus haut. C’est à ce jour l’approche la plus poussée en termes de prévention immunitaire. Et c’est aussi la plus élégante et la plus efficace pour agir sur l’interaction microbiote-immunité.

Conclusion : L’immunité est modulable.

Ceci est possible par le biais

  • de l’alimentation,
  • des modes de vies et de gestion du stress,
  • par une approche « micro nutritionnelle », qui au-delà de l’assiette va équilibrer le fonctionnement interne des organes (foie, vésicule biliaire, estomac,…) et du biote intestinal, dont les synergies d’action sont à la base de notre immunité.

 

Sans oublier la médecine traditionnelle chinoise, qui depuis 2500ans s’attache à faire mieux communiquer nos organes entre eux. L’acuponcture, les massages, les plantes ou la diététique, stimulent ainsi notre énergie de défense appelée « Wei Qi », prenant naissance selon les anciens… dans nos intestins.

Pour les pros : Regarder l’immunité, c’est agir au-delà du biote.

Les acteurs de l’immunité sont nombreux et variés. Parmi les populations de globules blancs, les Lymphocytes B et T sont les principaux avec les Natural Killer (NK). Les lymphocytes T en particulier vont détruire les agents pathogènes… mais aussi mettre en place une mémoire immunitaire. Ils sont quantifiables par une simple NFS (Numération Formule Sanguine) – une analyse de base de la consultation de médecine générale.

 

C’est en détaillant, au cours d’une analyse plus poussée, la proportion de Lymphocytes T-Helper (TH), une sous-catégorie de ces globules blancs, que nous pouvons aller plus loin et faire de la prévention santé en micronutrition. Les plus significatifs sont les lymphocytes :

  • TH-1 : les plus efficaces pour détruire les tumeurs et les virus par le biais de l’apoptose par exemple (la mort programmée de cellules déficientes, mécanisme grandement favorisé par un apport alimentaire en anti oxydants comme les polyphénols, quercétine, curcumine…)
  • TH-2 : en lien avec les allergies respiratoires, digestives et dermatologiques
  • TH-17 et T-régulateurs : qui sont observés davantage depuis quelques années, pour leur rôle dans l’auto immunité et ses pathologies associées en recrudescence : poly arthrite rhumatoïde, sclérose en plaque, thyroïdite et maladie d’Hashimoto, la maladie de Crohn ou le diabète de type 1 mais aussi certaines affections buccales ou parodontales, témoin, la plupart du temps, d’un biote déséquilibré dans tout le tube digestif et d’un risque accru d’une quantité colossale de pathologies.

Les TH17 par exemple peuvent s’avérer en compétition avec les T-régulateurs, car pro-inflammatoires, mais pourtant essentiels. L’inflammation, de courte de durée est nécessaire à la santé. Sa chronicité représente un signe de déséquilibre.

Une régulation fine de ces diverses populations de LT-Helper est à la base de l’immunité. C’est l’équilibre de ces trois entités lymphocytaires qui nous intéresse. Pour le thérapeute il s’agira de moduler d’une part :

  • une réaction inflammatoire, agressive – nécessaire pour détruire les agents pathogènes, comme des bactéries ou des champignons – mais parfois trop vive ou trop durable, dans le cas de maladies auto immunes, d’allergies ou d’inflammations chroniques agressives pour l’organisme lui-même –
  • et, d’autre part une réaction immunosuppressive (via les T-Régulateurs en particulier) qui suppriment l’inflammation chronique pour favoriser la réparation tissulaire… mais peuvent aussi devenir pro- cancers ou bien nous rendre plus perméable à certains virus.

 

Lors d’une consultation, avec l’appui du profil immunitaire, le professionnel pourra conseiller afin de moduler l’équilibre entre ces trois lymphocytes T, au travers d’une modulation homéopathique et microbiotale. Ce sujet des traitements en micro nutrition fera l’objet d’un autre article car il est complexe, mais bien maitrisé aujourd’hui.

  Nicolas Rouig

Pour les pros : Regarder l’immunité, c’est agir au-delà du biote.