Le surpoids sous l’angle de « l’entassement énergétique chronique » (entassement, stockage, rassemblement) et rôle de Weï Qi

 

LING SHU (chapitre 59):  » L’entassement aigu est dépourvu de forme et se manifeste par des douleurs. Cet état indique la présence de l’énergie, de ce fait la maladie est facile à guérir. Par contre l’entassement chronique est indolore et toujours doté d’une forme. C’est l’indice de l’absence de l’énergie, la maladie est difficile à traiter. « 
  • Je mange trop, occasionnellement > mal au ventre = pas grave, facile à traiter
  • Je mange trop, régulièrement(entassement chronique) > prise de poids, fatigue chronique, risque diabète = INDOLORE… mais plus grave, et plus difficile à traiter : car réduire les calories ne suffit pas !
Et si nous traitions le surpoids et la mauvaise alimentation sous l’angle de celui qui mange avant de penser à l’assiette ?
On parle ici « d’entassement glaireux », de sang et de Qi, d’aliments et de liquides ( « syndrome Yu »), qui est une aggravation de certains œdèmes, s’accompagnant généralement d’un pouls « Jie » (ou « Hua » si la maladie n’est pas installée), lorsque le Yin pervers s’accumule et s’agglutine (prise de poids) et finit par blesser le sang (maladie). La rate est noyée dans le Tan Yin, les orifices du cœur sont bouchés, le métabolisme est ralenti, l’alimentation est troublée et le Shen affecté.
Le Ling Shu affirme plus loin, que dans ce cas « d’entassement » (avec présence de froid, somnolence, fatigue, insomnie…), il faut traiter WEÏ QI !
Savez-vous agir sur Weï Qi ?
En acuponcture nous abordons souvent la pathologie en régulant le Qi des méridiens et le sang des vaisseaux, mais Weï Qi prédomine en dehors des méridiens, la nuit (et de midi à minuit selon certains auteurs ! donc une bonne partie du jour aussi, elle circule en dehors des Maï).
Weï Qi est aussi corrélé aux mouvements du soleil et aux énergies cosmiques… c’est pourquoi la chronoacuponcture est souvent évoquée pour traiter Wei qi, mais nous en reparlerons, et ce n’est pas la seule méthode :
  • Le triple réchauffeur, en tant que voie des liquides, doit être régulé (il existe 14 points spécifiques sur RM/DM, V/Rein et TR, cités par le Ling Shu à cet effet)
  • WEI QI et RONG QI doivent être harmonisés : Une autre quinzaine de points est citée (dos, abdomen) comme carrefour (Qi Jie), entre Weï Qi et Rong Qi
  • Une liste de points « racine » et « cime » des 6 grands méridiens est détaillée
  • La technique SHU-MU permet également une action directe sur les Zang fu et leur enveloppes/séreuses que Wei Qi parcourt la nuit.
  • Le SHEN doit être traité ! (ce qui permet une action sur le comportement alimentaire a posteriori)
  • L’alimentation revue, évidemment
Tous ces points agissent aussi sur le métabolisme et le comportement alimentaire du patient. Ils régulent la « calorification », la voie des eaux et traitent le Yin pervers. Ils ont une action sur le niveau énergétique de l’individu, et son expression au travers de son comportement et de sa forme corporelle à long terme. Ils participent à un processus de transformation.
La prise de poids est intimement liée à des dérèglements du métabolisme, de la thermorégulation, du système nerveux autonome, des hormones (insulino- et leptino- resistance), … dans ce contexte, qu’il s’agit de bien maitriser avant toute préconisation diététique, il apparait évident que modifier l’alimentation est essentiel mais de suffit pas. Nous devons agir sur le « mangeur » (traiter la racine et la branche), l’aider à évoluer et se transformer pas à pas.
Dans ce contexte les modifications alimentaires auront aussi un impact énergétique qui faciliteront à leur tour d’autres changements diététiques… progressifs ! Il s’agit d’un processus de transformation dans lequel le Shen, Wei Qi et les six niveaux énergétiques* sont partie prenante. Un parcours d’évolution corps-esprit que nous pouvons encadrer au mieux.

Lors de la formation(lien ici) nous détaillerons comment agir sur Wei Qi et le système nerveux autonome, favoriser les mécanismes de réparation, thermorégulation, et d’équilibrage du métabolisme basal… au travers de cas de patients suivis sur plusieurs consultations. Nous aboutirons à une méthode en 12 étapes (issue des 6 niveaux énergétiques et 5 objectifs diététiques (si, si 6+5 = 12 😉 pour aider nos patients à changer leur comportement alimentaire et se transformer.

Nous étudierons donc l’approche selon les 6 niveaux énergétiques d’après les travaux de JM Eyssalet reliés aux typologies du « mangeur », et celle de Zhang Zhongjing corrélée aux six couches de l’énergie cosmique, aux cinq éléments et aux cinq saisons. L’étude combinée de ces processus permet de participer à l’évolution du patient au cours des mois selon une approche respectueuse de la tradition antique et de l’adage : « les 5 mouvements célestes et les 6 qi sont la racine invisible de toute transformation » que l’on peut retrouver dans le Shang Han Lun, mais aussi, bien avant, dans le Huang DI Neijing sous l’influence du Yi Jing : le livre des… mutations 😉

 

*Selon JM Eyssalet, il faut, avant d’étudier les six niveaux énergétiques, connaitre : «

– les modalités de circulation de l’Energie défensive et pulsionnelle qu’est Wei Qi

– la répartition de l’Energie ancestrale par les merveilleux vaisseaux

– les six phases de l’Energie cosmique qui portent les mêmes noms que les six niveaux.

– la circulation de l’Energie Yong (nourricière) dans leurs méridiens. »